Le chemsex, contraction de "chemical sex", désigne une pratique sexuelle impliquant la consommation de drogues. Ce phénomène, de plus en plus répandu, soulève de nombreuses questions quant à ses risques pour la santé et ses conséquences sociales. Explorons ensemble les différentes facettes de cette pratique controversée.
Définition et origines du chemsex
Le chemsex se définit comme l'usage de substances psychoactives illicites lors de rapports sexuels. Cette pratique vise à intensifier le plaisir, le désir et les sensations érotiques. Principalement observée dans la communauté des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), elle s'étend également aux milieux libertins hétérosexuels.
Les adeptes du chemsex emploient divers termes pour désigner leurs rencontres :
- Plans chems
- Plans slam
- Slam party
Ces sessions se caractérisent par une consommation prolongée de drogues associée à des rapports sexuels pouvant durer plusieurs heures, voire plusieurs jours.
Les substances les plus fréquemment utilisées dans le cadre du chemsex sont : Cocaïne, méthamphétamine, ecstasy/MDMA, Cathinones, Kétamine, GHB,...
Risques liés à la pratique du chemsex
Le chemsex comporte de nombreux dangers pour la santé physique et mentale des participants. Les risques les plus importants incluent :
- Dépendance aux substances : Les drogues consommées lors du chemsex sont souvent hautement addictives. La répétition de ces pratiques peut rapidement conduire à une dépendance, altérant le quotidien et les relations sociales des usagers.
- Surdoses : L'usage prolongé et combiné de substances psychoactives augmente considérablement le risque de surdose, parfois mortelle. La méthamphétamine, en particulier, présente un danger accru en raison de sa puissance et de son potentiel addictif.
- Infections sexuellement transmissibles (IST) : Sous l'influence de drogues, les participants sont plus enclins à adopter des comportements sexuels à risque. L'altération du jugement et la désinhibition favorisent les rapports non protégés, accroissant le risque de transmission du VIH et d'autres IST.
- Problèmes de santé mentale : L'usage répété de substances psychoactives peut entraîner des troubles psychologiques tels que l'anxiété, la dépression ou la paranoïa. Ces effets peuvent persister bien après l'arrêt de la consommation.
Impact du chemsex sur la transmission du VIH
Le chemsex représente un facteur de risque majeur dans la transmission du VIH. Plusieurs éléments expliquent cette corrélation :
Altération du jugement : Les substances consommées diminuent la capacité à prendre des décisions éclairées, conduisant souvent à l'oubli ou au rejet de l'utilisation du préservatif ou de la PrEP (prophylaxie pré-exposition).
Pratiques à haut risque : Le chemsex favorise les comportements sexuels extrêmes ou prolongés, augmentant le risque de lésions et donc de transmission du virus.
Partage de matériel d'injection : La pratique du "slam" (injection intraveineuse de drogues) accroît considérablement le risque de contamination par le VIH lorsque le matériel est partagé.
Une étude publiée dans le JAIDS Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes a mis en lumière le lien entre l'usage de méthamphétamine et l'infection par le VIH chez les minorités sexuelles et de genre. Les résultats soulignent l'urgence de mettre en place des mesures de prévention ciblées pour cette population à risque.
Vers une prise en charge adaptée
Face aux dangers du chemsex, il est déterminant de développer des stratégies de prévention et d'accompagnement spécifiques. Plusieurs structures existent pour aider les personnes concernées :
Les Csapa (Centres de Soins, d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie) : Ces centres offrent un accompagnement global, alliant prise en charge médicale, psychologique et sociale. Ils proposent des consultations individuelles et des groupes de parole adaptés aux problématiques du chemsex.
Les Caarud (Centres d'Accueil et d'Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues) : Ces structures de première ligne jouent un rôle crucial dans la réduction des risques. Elles distribuent du matériel stérile, proposent des dépistages et orientent vers des soins spécialisés si nécessaire.
Pour une prise en charge efficace, il est important de :
- Sensibiliser les professionnels de santé aux spécificités du chemsex
- Développer des approches non jugeantes et adaptées aux besoins des usagers
- Renforcer la coordination entre les acteurs de la santé sexuelle et ceux de l'addictologie
- Promouvoir l'accès à la PrEP et aux outils de réduction des risques
Pour résumer, le chemsex représente un enjeu de santé publique majeur. Face à ce phénomène complexe, une approche pluridisciplinaire et bienveillante s'avère indispensable pour accompagner efficacement les personnes concernées et prévenir les risques associés à cette pratique.